Le repas appartient simultanément à la réalité et à la fiction. Fiction et réalité s’entrechoquent.

Les spectateurs mangent en même temps que les personnages et mangent la même chose qu’eux. C’est à la fois un vrai repas, celui que je suis en train de manger et un « faux » repas celui que les personnages mangent en parlant la langue de Marivaux.

Le vrai est si proche du faux que l’on ne sait pas quelle stratégie entreprendre pour les distinguer, une problématique que les hommes et les femmes de Marivaux éprouvent souvent dans leurs jeux de séduction.

Le menu est composé pour faire exister une relation entre ce qui se dit, ce qui se vit et ce qui se mange, se boit. La couleur, la texture, la valeur symbolique des denrées, des boissons, la connotation des recettes, la présentation des assiettes, la qualité du service font office de gammes dont nous jouons pour mettre en perspective l’action et enrichir le discours : un plat annonce ce qui est prononcé plus tard, sonne comme un écho, rappelle ce que l’on sait déjà ou dit le contraire de ce que l’on entend.